Au fil des pages # 13 avril 2023 – Jacques Damade
Invité : Jacques Damade, pour sa trilogie Monde humain : Abattoirs de Chicago (2016), Darwin au bord de l'eau (2018) et Du côté du Jardin des Plantes (2022) aux éditions La Bibliothèque.
Dans les Abattoir de Chicago, Jacques Damade raconte comment une ancienne plaine indienne est devenue en moins d'un siècle la métropole de Chicago, dont l'essor est lié à ses abattoirs. Plus que de proposer une autre version de l'histoire américaine, Jacques Damade s'interroge - et nous avec - sur la construction de notre modernité, puisque c'est en s'inspirant des chaînes des abattoirs de Chicago que Ford a conçu ses usines automobiles. Mais c'est avant tout le rapport de l'homme à l'animal et au vivant, plus largement, qui est ici questionné, l'avancée technologique ayant eu pour corollaire une industrialisation de la mort dont on connaît depuis les terribles conséquences.
En disciple de Rousseau, Jacques Damade propose dans Darwin au bord de l'eau dix promenades le long des falaises normandes. Un même itinéraire pour mieux constater que l'homme défait à vitesse accélérée. En contemplant ces falaises du Jurassique, Jacques Damade livre un discours de la méthode, nourri d'observations, de rêveries, en évoquant les vies parallèles du loup. Derrière l'inquiétude, la tristesse perce, inépuisable, l'émerveillement et la joie devant tant de beauté.
En racontant l'histoire du Jardin des Plantes et du Muséum d'histoire naturelle, Jacques Damade fait le portrait d'un personnage passionnant, véritable héros stendhalien, Étienne Geoffroy de Saint-Hilaire. L'époque agitée et dangereuse de la Révolution et de la Terreur est aussi celle d'un bouillonnement scientifique. Après les deux premiers volumes du Monde humain, Jacques Damade décrit avec un enthousiasme passionnant cette effervescence naturaliste où des savants à la fois scientifiques et sauvages se lancent dans l'inventaire du monde avec une curiosité inépuisable. Du côté du Jardin des Plantes se lit à la fois comme un traité sur la beauté du monde vivant et comme un roman d'aventure où l'on croise une guillotine et une girafe, avec des péripéties dignes de Dumas.
Chronique de Cécile A. Holdban : Virginia Woolf, Flush une biographie, traduction l'anglais par Charles Mauron, préface de David Garnett, aux éditions Le Bruit du Temps (2015).
Avec une grande virtuosité, Virginia Woolf raconte la biographie de la poète Elizabeth Barrett Browning (1806-1861), en retraçant la vie de son chien Flush. L'écrivain anglais y montre sa virtuoisté narrative, son humour, mais offre également une réflexion plus profonde sur la condition de la femme et, en particulier de la femme-écrivain, comme elle l'a fait dans Une chambre pour soi. Ce qui fait que ce portrait d'un chien, d'une poète à travers son chien, prend les allures d'un autoportrait et d'un plaidoyer pour la condition des femmes.
MUSIQUE :
Silvain Vanot "Il fait soleil"
Duke Ellington "Caravan"
EXTRAITS SONORES :
Extrait d'un entretien de Baptiste Morizot dans La Grande Librairie (2020)
Extrait d'un entretien de Virginia Woolf sur la BBC (1937)
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