AU FIL DES PAGES # 2 OCTOBRE 2025 – PIERRE BONCENNE
Invité : Pierre Boncenne, pour son récit autobiographique Colombiennes aux éditions Philippe Rey (2025).
Colombien par sa mère, Pierre Boncenne a grandi dans une sorte d’enclave de son pays maternel en plein Paris, avec ses parents, ses frères et sœurs et ses grands-parents maternels, sans compter les oncles, les « tios » de passage. Appartenant à une illustre famille qui compte dans ses rangs des présidents de la république, des sénateurs, des savants, des écrivains, Pierre Boncenne interroge, dans un récit sensible et nostalgique, les fantasmes que nourrissent, dans l’imaginaire européen, et en particulier, français, la Colombie et, par métonymie, le continent sud-américain. À travers la figure de ce cousin de sa mère, dont il fut proche enfant, le père Camillo Torres, prêtre devenu guerillero et mort dans un affrontement avec l’armée, il décrit la complexité de l’histoire colombienne, traversée par une « violencia » qui fut tour à tour celle des milices paramilitaires, des narcotrafiquants et des guerillas. On croise dans ces pages Bolívar, Santander, la jungle amazonienne, Pablo Escobar, le playboy Porfirio Rubinosa, des joueuses de canasta, etc. Même quand il décrit les pages sombres de l’histoire colombienne, Pierre Boncenne célèbre ce pays à la fois réel et imaginaire, celui qu’il découvrit jeune adulte et celui dans la reconstruction duquel il a grandi à Paris. Ce grand lecteur y célèbre aussi les auteurs sud-américains, de Juan Carlos Onetti à Jorge Luis Borges, et ne cache pas son admiration et son amitié pour Mario Vargas Llosa, qu’il préfère à son « compatriote » Gabriel García Márquez. Le dépaysement procuré par cette lecture vient de la Colombie véritable restituée par ce livre, riche, fantasque et nostalgique.
Pierre Boncenne a été directeur du magazine Lire et collaborateur de Bernard Pivot sur « Apostrophes » et « Bouillon de culture ». Il est l’auteur d’essais sur Jean-François Revel et Simon Leys, ainsi que d’un dialogue politique avec Michel Rocard.
Chronique de Cécile A. Holdban : Roger Caillois, Le fleuve Alphée, éditions Gallimard collection « L’Imaginaire », 1992
Pierre Boncenne dit de Caillois qu’il est « l’un des esprits les plus brillants de sa génération dont, aujourd’hui, on méconnaît par trop le registre étendu et la qualité du style ». Le fleuve Alphée est une autobiographie à nulle autre pareille, sans date, sans famille ni amis (ou presque), sans parcours professionnel ou littéraire. Il y décrit des moments choisis, au prime abord anodins, qui ont pourtant façonné sa vision du monde, entre les « empreintes fertiles de l’enfance » et les « embellies de l’âme ».
MUSIQUES :
Victor Jara, « Cruz de luz »
El Combo de las Estrellas, « Me voy para Medellín »
EXTRAITS SONORES :
Extrait d’une interview de Mario Vargas Llosa
Discours prononcé par Camillo Torres
Extrait d’une interview de Roger Caillois (1974)
Télécharger le podcast

DIFFUSION sur la FM :
Lundi - vendredi : 4h -12h et 17h - 21h
Samedi : 16h - minuit
Dimanche : 00h - 14h et 22h - 4h