Au fil des pages # 18 janvier 2024 - Robert Harvey

Invité : Robert Harvey pour son livre Parmi les gisants. Penser le cimetière (2024) paru aux Presses Universitaires de France.
Philosophe américain, traducteur et »de la littérature, Robert Harvey a enseigné la littérature comparée et la philosophie, entre autres, à l'université new-yorkaise de Stony Brook. Spécialiste de Beckett, Primo Levi, Foucault, Sartre, Duras et Deguy, il a également traduit Derrida, Deguy, Foucault et Ricœur, et collaboré aux trois volumes des œuvres complètes de Marguerite Duras dans la Pléiade. Il est l'auteur d'ouvrages dans lesquels il s'intéresse aux thématiques du témoignage, de la littérature et du langage.
Avec Parmi les gisant. Penser le cimetière, Robert Harvey interroge notre rapport, collectif et individuel, à la mort et aux morts. Du vieux cimetière juif de son enfance californienne au Dôme de Genbaku à Hiroshima et Ground Zero, Robert Harvey propose un questionnement et des réponses sur cette espèce d'espace autre occupé par les morts. Ainsi, de ecs cénotaphes collectifs érigés en mémoire des grands drames et grands charniers de l'histoire récente de l'humanité, de ces « grands cimetières sous la lune », il explique qu'ils constituent le substrat d'une nation. Voyageant entre Paris, Berlin et les États-Unis, il scrute cette mémoire dont les cimetières sont les dépositaires, que ce soit les fosses communes des émeutes versaillaises de 1848, le plus petit cimetière juif de la capitale allemande ou bien ceux qui, dans son pays, portent la trace indélébile de la ségrégation. Reprenant la formule de Michel Deguy qui parle d'une vie subite, Robert Harvey n'offre pas tant, avec Parmi les gisants, un livre sur la mort qu'une réflexion sur notre manière d'être vivants.
Chronique de Cécile A. Holdban : Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur, paru chez Rivages Poche en 2013.
Ce court essai d'une centaine de pages de la psychanalyste Anne Dufourmantelle est un livre au style simple, limpide, capable pourtant de nourrir une réflexion dense et fouillée, explorant ce sentiment dont elle écrit que, plus qu'une qualité ou une vertu, il est « un instinct de vie, un rapport au monde ». Car selon elle, la douceur possède sa propre dialectique inquète procédant de cette « part du monde sauvage » qu'elle abrite en elle. Sa force réside dans la conscience de sa faiblesse, la liberté qu'elle nous offre dans le risque qu'elle nous propose de prendre.
Musique :
David Bowie « Ashes to Ashes »
Ludwig van Beethoven « Allegretto du trio pour piano n°6 en mi bémol majeur op. 70 » interprété par Daniel Barenboïm, Jacqueline Du Pré et Pinchas Zukerman
Clara Ysé « Douce »
Extraits sonores
Extrait d'une lecture par Michel Deguy de ses Épigrammes, à l'occasion du prix Goncourt de la poésie qui lui a été décerné (2020)
Extrait des Quatre cents coups de François Truffaut (1959)
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